L'église de Steenbecque


Texte de Gérard Beudaert, Steenbecque, pépinière de vocations

L'église de Steenbecque (fortement remaniée au XVIème siècle) est une église-halle typique (hallekerke) et renferme trois nefs d'égale hauteur et mesure cinquante mètres de longueur et vingt mètres de largeur. Elle a conservé son aspect ancien ; entrée à l'ouest, choeur à l'est. Certaines parties de l'édifice rappellent le 14ème siècle.

En avant du choeur, une grosse tour portée sur quatre robustes colonnes, flanquée de colonnettes est surmontée d'une flèche en bois qui s'est déformée sous l'action excessive de la chaleur et de l'humidité. Au 16ème siècle, dit Sanderus, la tour qui dominait l'église était recouverte de lames de plomb [...].

Des boiseries exécutées en style Louis XV remplacent celles qui ont disparu et dans lesquelles avaient pris place les confessionnaux conservés ; ce dispositif de confessionnaux incorporés aux boiseries permet d'interrompre la succession monotone des panneaux sculptés et d'obtenir un nouvel élément de décoration.

A Steenbecque le lambris a la forme de caissons rectangulaires entourés de moulures à l'intersection desquels ont été placés de petits motifs sculptés. Le lambris Louis XVI règne à Steenbecque.

Le choeur est décoré d'une boiserie datant de la fin du 17ème siècle ; elle est peut-être un peu lourde, ne laisse pas toutefois d'être élégante ; des panneaux encadrent une tête de Saint, personnage de l'ancien testament, ou fondateur d'ordre religieux, vigoureusement sculptée.

Le tabernacle à pivot est constitué par un cylindre vertical creusé sur l'ensemble de son volume de trois niches de coupe polygonale, adossées au pivot central. Ces niches peuvent être présentées successivement l'ouverture du tabernacle. Décorées avec raffinement de sculptures, elles servent à l'exposition du Saint-Sacrement et à la présentation de la Croix.

La table de communion est une reproduction récente de l'ancienne formée de dessins géométriques.

La chaire au contour hexagonal est classée par arrêté du 29 décembre 1906 "chaire à prêcher, provenant de l'église d'Aire-sur-la-Lys, bois sculpté, 18ème siècle."

Elle semble provenir du même atelier que celles de Boëseghem et Zeggers-Cappel ; les anges se sont mués en amours ailés alternant avec des têtes d'aigles et de lions. L'artiste y a représenté les Evangélistes.
Le buffet d'orgue est du 18ème siècle. Une inscription en flamand avec chronogramme permet de retrouver la date de l'érection de ce buffet d'orge. Dit Orgelspel is gesChonke Door eenlge Lofbaere goeDlonstige paroChiaenen In't Jaer(ce jeu d'orgue a été donné par quelques pieux et méritants paroissiens en l'année).

Sous une grotte artificielle une importante mise au tombeau attire le regard. On y contemple aussi une vierge de douleurs et un Ecce Homo ; celui-ci la tête couronnée, le roseau pour sceptre.

Aux rétables de Steenbecque on voit Sainte Anne sous les traits qu'imagina Rubens dans L'Education de la Vierge, Sainte Pharaïlde y était jadis particulièrement vénérée. On y remarquait une statue de la Sainte et un tableau qui ne sont pas sans mérites. Le chanoine Flahaut a consacré au culte de Sainte-Pharaïlde à Steenbecque un opuscule de 32 pages qui a été édité en 1898 à Dunkerque chez M. Michel. Il a reproduit un dessin représentant la statue de Steenbecque.

Une autre richesse de l'église est sa croix processionnelle de 1597 en argent repoussé et fondu, en partie doré, ornée de filigranes, de ciselures et de cabochons. Elle a figuré très honorablement à l'exposition religieuse de Lille en 1874 et a été classé par arrêté du 15 avril 1896 : "Croix processionnelle en argent repoussé et fondu, en partie doré avec étui ancien".
A l'extérieur au calvaire adossé à l'église, la Vierge, Saint-Jean et Marie-Madeleine complètent la scène se détachant jadis sur une peinture vigoureusement brossée de Jérusalem ; ciel d'orage, barré d'éclairs, nuages violacés, vêtements rouges, bleus, marrons, sur des personnages aux gestes emphatiques. Détérioré par les intempéries et faits de guerre, le calvaire a été complétement restauré et béni solennellement par M. le vicaire général Caudron en 1981 grâce aux soins de M. Jacques Guillouet, conservateur des beaux-arts. On peut y lire l'inscription : "Ce calvaire a été érigé en l'année 1820 par les soins de Dame Marie Jeanne Thérèse Sergheraert décédée le 8 février, pour honorer la mémoire et pour accomplir les pieuses intentions de M. Pierre Jean Decool son mari, ancien greffier du comté de Thiennes, Blaringhem et Steenbecque et ancien juge de paix, décédé propriétaire en cette commune le 19 février du dit an 1820." La Dame Marie Jeanne Thérèse Sergheraert a sa pierre tombale dans le choeur de l'église de Steenbecque.

Le clocher de l'église, flèche en bois, s'est déformé sous l'action excessive de la chaleur et de l'humidité. La légende prétend que le clocher se serait tordu lorsque, à l'occasion d'un mariage, le coq surplombant l'édifice aurait voulu se détourner pour ne pas voir une fiancé indigne de porter sa robe blanche ...