Histoire de Steenbecque
D'après Régis Macke, D'entre mer et terre, chroniques de Flandre, éditions de La Voix du Nord, 2003 et la chronologie de Matthieu-Hyacinthe Jonghes.
Steenbecque, qui vient du latin Steenbeka, est, au fil des siècles et des aléas de l'histoire, orthographié de diverses façons : Steinbeke(cartulaire
de Bourbourg en 1184), Estainbeke(cartulaire de l'abbaye de Marquette en 1236), Stainbeke(deuxième cartulaire de Cassel en 1333), Estaimbecqueen 1375 (deuxième
cartulaire de la Dame de Cassel), Stiembecqueen 1559 (division des diocèes - Miroeus), et enfin Steenbeke, Stenbeke, Stenbecq, dans des documents divers.
Situé sur la voie romaine reliant Cassel à la mer, Steenbecque doit son nom à un ruisseau (becque) charriant des pierres (steen). L'origine du village viendrait d'une large
route, Steenstraete,tracée par les Romains et qui conduisait de Cassel à la mer.
[...] Les armoiries de Steenbecque sont d'azur à trois coquilles d'argent.
[...] La mairie de Steenbecque possédait une chronologie en latin, curieusement disparue, rédigée par Matthieu-Hyacinthe Jonghes, curé de Steenbecque de 1723 à 1749.
Les faits suivants, cités dans cette chronologie, précédés du contexte historique et complétés des annotation relevées dans l'excellent ouvrage de l'abbé Gérard Beudaert,
Steenbecque, pépinière de vocations, donnent une vision particulièrement claire de l'évolution du village, de ses origines féodales jusqu'en 1749, année au cours de
laquelle décéda Matthieu Jonghes (28 août 1749).
Je reproduis ici, in extenso, la traduction de ces notes, en précisant néanmoins que certaines phrases sont d'une lisibilité imparfaite, d'autres difficilement
exploitables d'un point de vue historique, d'autres enfin sont peu explicites [...].
Entre 768 et 1200
768 : Sainte Isbergues, fille de Pépin le Bref et soeur de Charlemagne, séjourne dans la forêt de Nieppe. Elle est éduquée par l'ermite saint Venant.
964 : Amulphe, frère de Bauduin III, comte de Flandre, donne la toparchie de Boëseghem à l'abbé de Saint-Pierre au mont Blandain à Gand.
1128 : Thierry d'Alsace fonde le monsatère de Clairmarais à l'instigation de saint Bernard.
1135 : Saint Bernard et saint Norbert viennent prêcher dans ces régions.
1169 : Simon de Steenbecque, prince d'Alsace, seigneur de Pradelles, Nieles, Ebblinghem, Thiennes, Blaringhem.
1174 : Philippe, premier comte de Flandres, donne une partie de la tête de Saint-Jacques à la collégiale d'Aire.
Entre 1200 et 1600
Philippe le Bel confisque le comté et fait occuper toute la Flandre maritime en 1297. En dédommagement des excès commis, le roi attribue des terres à ses partisans.
Et c'est ainsi que le 15 juillet 1298, Baudoin de la Planque, seigneur de Steenbecque et de Thiennes, reçoit toute la terre de Blaringhem, confisquée sur Thomas de Lille.
1450 : La toparchie d'Ebblinghem revient à la toparchie de Steenbecque.
1482 : Aire est prise par les Français.
1523 : Dans les archives collégiales de Saint-Pierre à Aire, sont notés ceux qui, alors, étaient curés de Steenbecque.
1545 : Hiver très froid ; le vin gèle dans les tonneaux.
1553 : Thérouanne est dévastée par Charles Quint.
1559 : Le diocèes de Thérouanne est divisé en Saint-Omer, Ypres et Boulogne.
1578 : Jeanne, noble dame de Steenbecque, fonde un oratoire en l'honneur de Sainte Pharaïlde et en l'année 1582, la même Jeanne, héritière de ce nom et armes de
SteenbecqUe à laquelle aussi se rapporte la toparchie d'Ebblinghem, de Pradelles, se marie avec le noble seigneur de Mamez.
1587 : Dame Marie Van de Walle, veuve du noble seigneur de la famille de Flêtre-Strazeele, fonde un revenu de 36 florins pour les vêtements des pauvres sur les
terres de la fondation de Parye. Robert Lestendue est pasteur de Steenbecque.
Entre 1600 et 1700
1609 : Pierre Warelier de Gravelines, curé de Morbecque, devient curé de Steenbecque à la place de Christophe Jacques. Selon les anciennes annales, la tour de
Steenbecque avait été autrefois couverte de plomb. La très vieille et noble famille de Bremeersch maintenant s'est éteinte.
1616 : Le 7 août, mariage du noble seigneur Pierre de la Haye et Louise d'Hallewyn de la famille de Nordpeene à aui appartenait le château de Parye.
1621 : Le seigneur de Mamez et dame Jeanne de Steenbecque, Ebblinghem, Pradelles héritière de toute cette paroisse.
1622 : Matthieu Cotteel, curé de Steenbecque.
1633 : S'éteint à Morbecque, la noble famille de Saint-Omer. Lui succède Eugène de Montmorency, prince de Robecque.
1634 : Deux mille (personnes ?) périssent de la peste à Morbecque.
1634 : Hiver très froid.
1636 : Adrien d'Artois, curé de Steenbecque pendant vingt ans.
1638 : Epidémie de peste dans la paroisse.
1641 : Aire est prise par les Français et reprise par le général Beck. L'église dévastée, les cloches enlevées, la paroisse abandonnée. Beaucoup d'habitants
emmenés prisonniers à Saint-Venant.
1656 : Des soldats hibernent à Steenbecque.
1657 : Jean Boudenot, curé de Steenbecque pendant vingt ans.
1661 : L'oratoire de sainte Pharaïlde est édifié et le seigneur de Kalem, baron d'Ebblinghem, vend une terre à Matthieu Coubronne, avec la charge de laisser la chapelle.
1672 : La guerre est déclarée contre les Confédérés par le roi de France qui passe par cette paroisse (Steenbecque) et donne douze pièces d'or par lesquelles le
tableau du jugement est placé dans l'église.
1677 : Pierre Van de Baeze de Bergues Saint-Winoc, curé à Boëseghem, devient curé de Steenbecque.
1680 : Institution de la confrérie Sainte-Anne dans cette église. Les reliques sont approuvées et d'après le comput de l'église de l'année 1669, la dévotion envers
le culte de sainte Anne est notoire.
1680 : Une grande comète pendant sept semaines est aperçue dans ces régions avec la queue tournée vers l'occident.
1668 : Matthieu de Voole, d'abord curé d'Arnèke, devient curé de Steenbecque et, en 1686, devient doyen du nouveau district de Morbecque.
1692 : Le jeudi 18 septembre à 2h15 après-midi, la terre a tremblé par toute la Belgique.
1692 : Le 2 avril, sentence est donnée dans la curie de Tournai au curé de Steenbecque de recevoir 400 florins pour une portion congrue à moins qu'il ne veuille
plutôt tenir les dîmes et terres presbytérales avec la charge de réparer la maison pieuse et d'acquitter au vicaire 120 florins par an et 30 florins au gardien.
1696 : Tout le blé périt par la pluie. A peine le pain peut être fait.
Entre 1700 et 1750
1702 : Une fille de 24 ans habitant dans la maison de notre chirurgien accusée de maléfices a été brûlée comme sorcière à Boëseghem, là où elle est née. Et la chose,
de par la Hollande, a été répandue dans toute l'Europe. Cette fille s'appelait Marie-Jeanne Harley.
1703 : Au mois de juillet, la pluie est si violente que les tas de foin sont emportés dans la Lys et tout le foin périt.
1709 : Hiver très froid. Tous les blès sont gelés. Les riches sont taxés pour distribuer chaque semaine les pains aux pauvres.
1710 : Le 3 novembre, les Confédérés prennent Aire après un siège de deux mois. Les meubles et le blé qui étaient enfermés dans cette église sont pris par les ennemis.
Grande mortalité dans ces régions.
1712 : Au début de mai, Joseph Conar, gardien de cette paroisse, homme adonné à la boisson, se pend par un noeud coulant sur la terrasse de sa maison. Son cadavre est
suspendu par la justice aux fourches patibulaires (gibet).
1714 : Le seigneur de Montmorency achète au seigneur Samet, le château de Parye, autrefois touchant au domaine de Ghistelles.
1716 : Le gel dure onze semaines.
1716 : Les canalisations de plomb sont renouvelées dans l'église. Trois cloches dans ce cimetière sont fondues pour cette église : la première de Saint-Pierre, la deuxième de Sainte-Marie,
la troisième de Sainte-Anne. Auparavant, il n'y en avait qu'une seule.
1719 : Le comte de Rexem fait son entrée dans cette église comme toparque (gouverneur) et après trois mois, il est tué à Paris, provoqué en duel.
1720 : De mai à août il n'a pas plu. Des arbres sont plantés dans le cimetière.
1723 : Mort de Matthieu de Voole, pasteur à Steenbecque ; lui succède Matthieu Jonghes de Bourbourg qui pendant treize ans fut curé à Eringhem.
1726 : Les héritiers du défunt Maître de Voole sont forcés d'acquitter 900 florins à l'église et aux pauvres parce qu'ils n'ont pas pu montrer pour quel usage
le curé avait dépensé l'argent qu'il avait reçu de différents débiteurs. Il devait veiller, mais non s'attribuer, l'administration de telles ressources.
1729 : Le nouveau comte de Rexem a venu la 6ème partie héréditaire des décimes au seigneur de Montmorency 10 000 florins et a vendu la toparchie de Thiennes-Steenbecque
avec les terres et droits annexes 100 000 florins au seigneur Buisseret qui a fait son entrée dans cette église.
1730 : Le grand auteul est posé. Les "décimateurs" ont donné 120 florins et le prix de l'ancien autel. Les reliques de saint André trouvées dans la table de l'ancien
autel demeurent placées dans le sanctuaire.
1735 : Vent violent par toute la province. Beaucoup d'arbres et de moulins tombent.
1737 : Au mois de juin, j'ai béni la chapelle du château de Parye. Les dimanches et les fêtes, une seule messe peut y être célébrée.
1738 : La fille du seigneur de Montmorency de la toparchie de Parye fut inhumée dans le choeur en dehors des luminaires comme il est constaté dans les registres
de 1738.
1739 : Vent violent. Vignes détruites, fruits des arbres gelés.
1740 : Obsèques pour l'épouse du seigneur de Busseret qui acquitté seulement vingt florins quoique pour les nobles, dans ces régions, soient acquittés quarante florins.
Une dure gelée a gelé les blés. Il y a distribution de pains ; les plus riches sont taxés à donner 17 livres par semaine aux pauvres ; les autres 13 livres, le reste
6 livres.
1741 : Un ouvrier voleur est pendu à Boëseghem.
1742 : Philippe Chrétien a planté un chêne près du sépulcre de son épouse devant la grande porte de l'église.
1744 : Le 11 novembre, une bénédiction est donnée dans le cimetière sur des vaches parce que la peste dans les paroisses voisines et dans toute la Belgique
s'étend de sorte que beaucoup de boeufs périssent, mais cette paroisse a peu souffert.
1746 : Le seigneur Buisseret, notre toparque, est fait, par le roi, comte de Thiennes-Steenbecque et ainsi ces deux paroisses sont érigées en comté.
1746 : Au mois de juillet, les cloches n'ont pas sonné à cause de la faiblesse de la tour.
1746 : En trois années, une grande partie des boeufs et des vaches périt de la peste dans toute la Belgique comme avant en France, Italie et autres régions de l'Europe.
Il n'y a aucun remède.
Le puits de pierre de la maison pastorale fut nettoyé cette année et, au milieu, fut trouvée une source d'eau jaillissante.
1748 : Au temps des solstices, pendant quatre jours, la chaleur fut intense, l'orage continuel. Des grêles semblables à des oeufs sont tombées. De mémoire d'homme, il
n'y a pas eu une telle tempête et destruction des fruits dans ces régions. Cette paroisse a peu souffert quoiqu'il y eut une très grande ruine dans toute la Belgique
comme en Angleterre.
La Révolution