Victor Basch est né en 1863 à Budapest, dans une Hongrie sous domination autrichienne. Il arrive très jeune à Paris et passe ses années de lycée à Condorcet entre 1879 et 1881 avant de poursuivre des études d’allemand et de philosophie en Sorbonne. Ayant obtenu l’agrégation, il épouse Ilona Fürth en 1885. Basch décroche son premier poste à l’Université de Nancy entre 1885 et 1887, année où il obtient sa naturalisation. Son poste à Rennes entre 1887 et 1906 lui permet de suivre de près l’épisode rennais de l’Affaire Dreyfus avec le procès qui se déroule dans la capitale bretonne en 1899.
Un zélote de la justice
Le conseil de guerre de Rennes qui révise le procès Dreyfus le jette dans le camp des dreyfusards (dreyfusard de choc), et dans les rangs de la jeune Ligue des droits de l’homme alors dirigée par Francis de Pressensé et fondée l’année précédente. A cette occasion, Victor Basch fait la connaissance de Jean Jaurès, qui l’influence durablement. Sa parfaite connaissance de la philosophie kantienne lui fait penser que les progrès techniques doivent moins conduire à de nouvelles certitudes qu’à de nouvelles responsabilités. Pour lui, il convient de faire triompher la justice selon une conviction qu’il exprime en 1938 ; alors que l’ombre du nazisme s’étend sur l’Europe, que les grands procès de Moscou viennent d’avoir lieu et que l’issue de la guerre d’Espagne dans laquelle il souhaitait une intervention française laisse penser que les jours de la démocratie sont comptés. Cette conviction est que " la fin dernière des civilisations n’est pas de créer, aux dépens de l’humanité moyenne, de petites aristocraties jalouses et encore moins des chefs, nés de la force et se maintenant par la terreur, ni de détruire toutes les aristocraties pour faire descendre la société tout entière au niveau de l’humanité inférieure, mais de faire de tous les hommes des aristocraties véritables, c’est-à-dire des êtres nobles, raisonnables et purs ". Droits de l’homme et socialisme contre la barbarie
Victor Basch qui s’est rallié au sionisme en 1912, devient président de la Ligue des droits de l’Homme en 1926. Il travaillera dans les années vingt au rapprochement avec l’Allemagne tout en luttant contre l’extrême droite (le Parti nazi a tenté un putsch en 1923). Militant antifasciste, il accueillit avec bonheur le rassemblement de la gauche contre le fascisme, qui devait déboucher en 1936 sur la victoire de Léon Blum et du Front populaire (1936-1938), mais cela ne l’empêche pas de dénoncer la neutralité de la France dans la guerre qui oppose les nationalistes aux républicains de l’autre côté des Pyrénées. La guerre avec l’Allemagne éclate en 1939 et Les Basch s’installent à Lyon l’année suivante. Le 10 janvier 1944, à l’âge de 81 ans, Victor et Ilona Basch sont assassinés par des miliciens et des membres de la police allemande non loin de Lyon. Touvier fut associé au crime.