Histoire illustrée de la semaine



Notre Histoire illustrée de la Semaine se rapporte encore à Emile Zola et à sa demeure de la rue de Bruxelles, où il vient de trouver une mort si dramatique.

Cette maison du fameux romancier a bien souvent fait parler d'elle, notamment au moment de la vente judiciaire, dont elle fut le théâtre, à l'issue du procès engagé contre Emile Zola par les experts de l'affaire Esterhazy-Dreyfus. Une de nos gravures rappelle cet épisode d'une des périodes les pluc critiques de la vie du bouillant pamphlétaire.

Nos autres clichés montrent l'intérieur, un peu disparate et criard, mais fort somptueux, de l'écrivain.

C'est, dès le vestibule de l'hôtel, un grouillement fabuleux de formes et de couleurs, un encombrement inouit de bibelots : à gauche, un Bouddha, hypnotisé par son nombril, est assis au milieu du soleil d'or de sa niche en feuilles de lotus, à l'ombre de deux palmiers plantés dans des vases de Chine ; en face, une triple stalle d'église en vieux chêne, sculpté ; un vitrail enveloppe d'une atmosphère recueillie ce coin réservé aux visiteurs qui attendent. On monte. Le grand escalier de l'hôtel, éclairé par une baie à vitrail, s'élève en revenant sur lui-même, avec, au milieu, le repos d'un large palier ; contre le mur de l'escalier, à gauche, un bas-relief en bois peint, une demi-douzaine de personnages grandeur nature ; une extraordinaire dalmatique, où d'énormes reliefs de broderie en vieil argent se détachent sur un fond de perles bleues : on dirait la carapace de quelques chimères d'apocalypse. De chaque côté du vitrail, deux grands saints mitrés, tout noirs, de leur doigt levé font le geste de bénir ; en pleine lumière, se détache une réduction en marbre de la Vénus de Milo ; derrière elle, un beau portrait de Zola, par Manet. Puis, encore : une fine tapisserie aux tons passés, une verdure jaunie, des cadres remplis d'émaux, de croquis, d'enluminures. Sous une autre vieille dalmatique en soie brochés de couleur étrange, une antique Madone en bois noirci s'abrite dans une niche de soieries jaunes et bleues.

La chambre à coucher, où l'écrivain est mort et où Mme Zola a failli succomber elle-même, est une assez grande pièce, séparée en deux, dans sa profondeur, par une grille en fer forgé à hauteur d'homme, un merveilleux travail du treizième siècle ; derrière, le lit à colonnes rutile avec sa courtepointe et ses lambrequins rouge et or ; aux lueurs rouges et violettes de vieux vitraux tout flamboie dans une puissante harmonie de couleurs : les meubles en marqueterie, les cabinets italiens tout dorés, le Bouddha tout en or aussi et couvert de verroteries, la cheminée drapée de velours vieux-vermillon rehaussé de vert-grenouille. Cette symphonie vibrante s'adoucit du fond sombre des murs couverts entièrement de tapisseries à personnages, qui montent du plancher à la corniche de vieux chêne et recouvrent jusqu'au plafond.

Dans le cabinet de travail, il y a moins de rouge, c'est une harmonie en vieil or. Voici les tableaux des primitifs sur fond d'or, datant du quinzième siècle, le lit de repos dominé, au fond, par une grande pièce de velours noir brodé de paons d'argent et de soie verte, le bureau encombré de livres et de bibelots, le grand fauteuil en cuir de Cordoue derrière lequel monte une pente de velours cramoisi, antique bannière couverte de rinceaux d'or pâli.

Et, sur la table de travail, traînent des feuillets inachevés ...

Photographies parues dans ce même numéro


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Zola et Balzac
dessin humoristique d'André Gill
Une des dernières
photographies de Zola
Zola et l'Académie
caricature de Gilbert Martin
Le salon
La salle à manger
Le cabinet de travail
La chambre à coucher
La façade
Mme Emile Zola
Obsèques d'Emile Zola
La levée du corps

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